On peut dire que ce projet fantasmatique de voyage a eu un précurseur, une sorte de répétition depuis les espaces urbains en chantier du 13ème arrondissement de Paris et Bétonsalon – Centre d’art et de recherche. En 2010-2011, Julia Klaering et moi y présentions « Nous ne notons pas les fleurs, dit le géographe« , une exposition peuplée d’un certain nombre de déserts nord-américains.
« Territoire à la fois infini et clos sur lui-même (double illusion), « le désert » cristallise un vaste faisceau de références et de disciplines, de la géographie à la littérature, de la philosophie à la biologie, de la cartographie à l’écologie. La blancheur sans qualités – ou fantasmée comme telle – du désert (qui ne peut souvent être embrassée que grâce aux cartes ou à des représentations aplanies) en fait un espace idéal de projection, d’inscription et de planification pour fantasmes politiques, utopies architecturales, expéditions scientifiques et récits de fiction plus ou moins fondateurs. Il est l’image de ce lieu hors du temps et du monde, une hétérotopie dont les représentations sont souvent connotées de romantisme. Il est aussi un paysage, un révélateur, un théâtre, un laboratoire, où se croisent trajectoires migratoires, expérimentations sociopolitiques et tentatives d’hégémonies nationales : un lieu avant tout traversé et constitué par des corps et des histoires. »
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Bachir était déjà de la partie, il est le maître d’oeuvre (avec Nicolas Couturier) du catalogue en ligne, où on trouve notamment des notes introductives qui convoquent les voix de Robert Smithson, Trevor Paglen, Ursula Biemann, Irit Rogoff, Stuart Hall and more. On y trouve aussi le fax envoyé à Tacita Dean par l’Utah Arts Council, avec les indications pour rejoindre la Spiral Jetty de Robert Smithson sur le Great Salt Lake . Tacita Dean n’y parvint jamais, cf sa pièce sonore « Trying to Find the Spiral Jetty » (1997), que nous nous proposons de rejouer le 27 août 2015… Stay tuned.